Aker fassi : le rouge à lèvres naturel à base de coquelicot !

Il y a fort longtemps (jadis, lorsque la puberté n’avait pas encore apporté son lot de surprises inattendues) j’ai eu la surprise de recevoir un étrange présent : un morceau de poterie, tout de rouge coloré. « C’est un rouge à lèvres berbère ». Ce petit morceau de terre cuite portant encore les empreintes des femmes qui l’avaient façonné avait quelque chose de mystique, singulier, précieux. J’étais fascinée par le pouvoir colorant des pigments, la régularité de la sphère contrastant avec les empreintes moulées du manche, chargées de vie. Je tenais entre mes mains toute la beauté de l’artisanat berbère. J’étais absorbée par ce mystérieux objet que je trouvais incroyablement simple, intuitif, logique. Il fallait y penser.

Et puis un jour l’obsession est revenue. Je me suis réveillée avec l’étrange sensation d’avoir oublié quelque chose. Les images revenaient peu à peu : je voulais retrouver cet objet qui m’avait tant fascinée étant enfant. Après quelques recherches, un nom est tombé : Aker fassi, le rouge à lèvres berbère. J’ai attendu sagement le prochain départ de mes parents pour le Maroc pour l’ajouter à ma liste. Ils sont revenus, les bras à nouveau chargés de présents, parmi lesquels quelques sachets mystérieux, des flacons et la poterie magique. A la manière d’un drogué qui n’aurait pas pu avoir sa came habituelle au coin de la seizième rue, j’ai emporté dans ma caverne poudres, flacons et poterie magique. C’est à cet instant précis que j’ai retrouvé mes 10 ans et demi.

L’aker fassi est un savant mélange de poudre de coquelicot et poudre de grenadier. On retrouve cette préparation naturelle sous plusieurs formes : poudre fine, fragments et argile peinte. Il est possible d’utiliser ce puissant colorant en décoction dans le henné (note à moi-même : il faut à tout prix que je teste !) pour obtenir des teintes rouges et adoucir le cheveu. Vous pouvez aussi l’ajouter à vos préparations DIY pour colorer vos cosmétiques naturellement d’une teinte rouge. Enfin, vous pouvez simplement l’utiliser en tant que maquillage, sur les joues ou les lèvres. C’est sur cette dernière utilisation que je me suis particulièrement attardée…

Pour l’utiliser, rien de plus simple. Promis, cette fois ci, pas d’explosion dans ta salle de bain ni graines de chia envahissant tes cauchemars les plus sinistres. Il te suffit de tremper ton pinceau dans de l’eau et de le frotter contre l’argile ou la poudre pour en récolter les pigments qui, au contact de l’eau formeront une encre rouge. Pour les puristes du less is better, vous pouvez aussi tremper votre doigt, mais sachez qu’il restera rouge à vie (au moins, vous êtes prévenus). Vous n’avez plus qu’à peindre vos lèvres.

Poudres, fragments, argile peinte, globalement le principe est le même. Pourtant, les teintes et l’effet sur les lèvres varient. Avec l’argile que je possède, la couleur est plus sombre, aux sous tons froids. L’encre colore les lèvres en transparence. 

Avec la poudre, la couleur est beaucoup plus intense, veloutée, poudrée et couvrante. De même pour les fragments. Selon les poudres que je possède, les sous-tons sont tantôt froids, tantôt chauds comme ci-dessus. D’une façon générale, je trouve l’application un peu plus ardue qu’avec un rouge à lèvres liquide ou crème. Il faut s’attarder un peu pour obtenir une couvrance homogène. J’ai pour habitude de dépasser légèrement sur le contour de mes lèvres pour corriger leur asymétrie, c’est un peu plus complexe avec ce type de produit. Quant à la tenue, elle est très bonne, comparable à une encre à lèvres classique.

Je suis extrêmement heureuse d’avoir retrouvé ce produit qui m’avait tant fascinée étant enfant. Etant une fan inconditionnelle de coquelicots (c’est une obsession, vous pouvez me jeter la pierre), je suis encore plus euphorique lorsque je l’applique. Vous pouvez trouver ce produit au Maroc, à Fès plus particulièrement (oui comme fesse) ou sur internet sous ses différentes formes.